Claude Gaulin

(1938-2020) 

Claude Gaulin a été professeur en didactique des mathématiques à la Faculté des Sciences de l’Éducation de l’Université Laval pendant de nombreuses années.

Par ses activités de recherche et de formation, il a contribué de manière significative au développement de la didactique des mathématiques au Québec. Il a d'ailleurs été une des personnes fondatrices du GDM en 1970.

De plus, il a participé à l'essor de nombreux groupes canadiens et internationaux reliés à l'enseignement-apprentissage des mathématiques. 

Témoignages

Le Québec et sa communauté de didacticiens et didacticiennes des mathématiques vient de perdre l'un de ses grands... un des didacticiens de la première heure qui a beaucoup fait pour l'enseignement des mathématiques à différents niveaux scolaires, pour la formation continue des enseignants et pour la recherche et l'innovation au Québec. Il a été pionnier dans plusieurs domaines et personne n'oubliera les organisations mémorables de congrès d'envergure dont il pris la charge, dont celui d'ICME à Québec en 1992. 

Les discussions avec lui étaient toujours passionnantes, nous donnant accès, dans ces discussions, à une connaissance des travaux qui se faisaient partout à travers le monde. Véritable encyclopédie pour notre bonheur à tous et toutes.... 

Merci, Claude.


Nadine Bednarz

Professeure émérite

Université du Québec à Montréal

Claude Gaulin a fait beaucoup pour la didactique des mathématiques et pourson enseignement au niveau mondial. En effet, Il a organisé beaucoup de congrès internationaux dans le monde, notamment celui de ICME (Comité International pour l'enseignement des mathématiques) en 92 dont je me souviens particulièrement et qui a attiré environ 2000 congressistes. C'est à ses côtés que beaucoup de didacticiens et didacticiennes de différentes nationalités ont été formés, dont des marocains, des brésiliens des chiliens, et autres et ce sans parler des québécois. 

Au Maroc, si les premiers promoteurs de la didactique des mathématiques (années 70) étaient les français Alain Bouvier, Gérard Audibert, Louis Higounet, Yves Chevalard, Guy Brousseau et autres (à travers les IREM, les IUFM notamment), Claude Gaulin lui a fait connaître son apogée. En effet, à travers un projet de l’ACDI (Agence Canadienne de Développement International) Claude Gaulin en partenariat avec le directeur de la formation de cadres du Ministère de l’éducation de l’époque, Mohamed Akkar, ont permis à beaucoup de marocains de se former en didactiques des mathématiques, en didactiques des sciences et même en didactique du français. 

En effet, il y a eu d’abord la formation d’homologues au Maroc, par des formateurs québécois. Ensuite, l’Université Laval, l’Université de Montréal et l’Université du Québec à Montréal (et probablement d’autres universités), ont accueilli des marocains pour des études de maîtrise et de doctorat. 

Si Claude Gaulin a été l’instigateur de tout ce vaste projet, il a été aussi le superviseur de nombre de doctorants marocains dans ce même cadre, doctorants devenus ensuite de hauts cadres du ministère et d’enseignants chercheurs dans les ENS au Maroc. J’ai été moi-même formé dans le cadre de ce projet. Claude Gaulin, n’a pas beaucoup publié, mais ses nombreux voyages et ses nombreux contacts dans le monde, lui avaient permis une connaissance profonde de tout ce qui se faisait dans le monde en didactique. Ce qui faisait de lui une véritable bibliothèque ambulante. D’où un encadrement efficace, éclairé et tout le temps à jour. 

Le décès de Claude Gaulin est une perte pour nous tous.


Driss  Boukhssimi 

Professeur retraité

Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue

Portrait (1985)

Tirée du livre Homenagem Claude Gaulin, Porto Alegre: GEEMPA, 2018

Comme beaucoup d’entre nous, je dois personnellement beaucoup à Claude. Je me souviens entre autres des nombreux échanges que nous avons eus au tout début de ma carrière, alors que je plongeais dans la formation mathématique des enseignants du primaire et du secondaire, ainsi que de notre collaboration dans le cadre du programme PPMM-Laval de perfectionnement en mathématiques pour les maîtres du primaire. Mais je retiens de façon toute particulière notre collaboration très intense pendant plusieurs années sur les comités exécutif et local du congrès ICME-7, tenu à l’Université Laval en 1992. Cet événement n’aurait jamais eu lieu sans l’apport de Claude et le rôle exceptionnel qu’il y a joué sur plusieurs plans. En ce qui me concerne, ce fut sans contredit un point tournant de mon cheminement professionnel.

Un très grand homme, qui laisse, sur les scènes lavalloise, québécoise, canadienne et internationale, une marque indélébile sur les questions touchant à l’enseignement et à l’apprentissage des mathématiques. 

Chapeau, Claude!


Bernard R. Hodgson

Professeur titulaire

Université Laval

ICME (1992)

Tirée des Actes du congrès ICME 7.  (Michel Gervais, Henry Pollak, qui recevait alors un doctorat honorifique et Claude Gaulin).  Claude avait fait l’éloge de l’impétrant.

La perte de Claude Gaulin est une perte pour notre communauté québécoise de didacticiens et didacticiennes des mathématiques. Claude Gaulin a dirigé ma recherche de doctorat en didactique des mathématiques. À ses côtés je me suis initié et formé à la didactique des mathématiques. Je dois dire avec le recul que cette période d’études sous sa direction a été une étape marquante dans ma vie professionnelle. Je profite de ce forum pour livrer ce bref témoignage.

Se former à la didactique des mathématiques c’est non seulement développer des compétences de recherche dans ce domaine c’est surtout s’insérer progressivement, pour faire partie à part entière, dans une communauté de chercheurs et chercheuses. Cette conception de la formation à la recherche en didactique des mathématiques est un des héritages importants que m’a légué M. Gaulin. Grâce à lui, j’ai fini par voir la didactique des mathématiques comme une activité humaine, l’oeuvre souvent collective de personnes. Une grande part de cette activité se passe dans l’intimité d’équipes de recherches, dans des rencontres privées et publiques entre chercheurs. M. Gaulin avait cette faculté de fréquenter les lieux importants de ces rencontres, de connaître intimement la part privée de la recherche en didactique des mathématiques. À chacun de ces voyages- il était un grand voyageur- je savais qu’il allait m’apporter un cadeau qui allait me faire avancer dans ma recherche. Ainsi, j’ai pu suivre un forum électronique de discussion animé par James J. Kaput, j’ai eu accès à diverses versions d’un rapport préliminaire d’un groupe de travail sur l’algèbre formé par le NCTM pour lui proposer une vision de de l’algèbre pouvant servir comme cadre de référence pour l’élaboration des normes et standards pour l’enseignement de l’algèbre de la maternelle à la 12e année. M. Gaulin me nourrissait également de comptes rendus inédits de diverses rencontres scientifiques portant sur l’algèbre et la pensée algébrique ainsi que ses précieuses notes prises dans ses rencontres. Mes les moments les plus précieux et formateurs pour moi ont été mes rencontres de discussion avec lui. Sa connaissance profonde non seulement de la recherche, mais aussi des chercheurs et chercheuses qui la réalise, m’ont permis de voir la recherche comme une activité d’hommes et de femmes qui sont issus de traditions de recherche et de contextes institutionnels variés. 

Dans le rapport écrit de ma thèse doctorat, j’ai remercié M. Gaulin pour la qualité de sa supervision et direction de ma recherche doctorale. Vingt années plus tard, je profite de ce témoignage pour le remercier de m’avoir donné l’élan suffisant pour devenir chercheur en didactique des mathématiques.

Qu’il repose en paix!


Hassane Squalli

Professeur titulaire

Université de Sherbrooke